Poursuite d’expérience : L’évolution des pratiques des mangeurs lyonnais de produits locaux dans un contexte de crise sanitaire
Introduction
Contextualisation
Le 16 mars dernier, le confinement est instauré en France et très rapidement suivi, le 23 mars 2020, par la fermeture des marchés alimentaires. C’est un bouleversement général des systèmes alimentaires, de la production à la consommation, en passant par la distribution. Toutes les habitudes d’approvisionnement sont rompues et de nombreuses initiatives spontanées se mettent alors en place pour s’adapter à ces chamboulements.
Dans un contexte nouveau qui apparaît favorable à la décristallisation des habitudes et au changement de comportements, l’association BelleBouffe se questionne alors sur l’adaptation des gens désormais contraints de rester à leur domicile et de changer leurs pratiques de consommation et d’approvisionnement en matière d’alimentation.
La première phase de l’expérience 💭
Avec l’aide de ses bénévoles formés pour l’occasion, l’association BelleBouffe et sa co-fondatrice Marie-Amandine Vermillon, psychologue sociale, débute alors une enquête de terrain pour comprendre ces nouvelles pratiques.
Au total, 31 entretiens semi-directifs sont ainsi menés du 29 avril au 11 juin auprès d’habitant•es ayant au moins en partie eu recours à la consommation de produits locaux durant le 1er confinement.
La démarche de la recherche est exploratoire et vise à comprendre et analyser les pratiques, les points de tension et les adaptations misent en place par les mangeurs et mangeuses lyonnais•es en temps de confinement.
Pour plus d'informations sur la première partie de l'expérience rendez-vous ici :
Retour d'expérience : manger local en temps de confinement à Lyon et ses alentours
Notre intervention et la poursuite de l’expérience 💬
Le déconfinement survient ensuite le 11 mai avec un retour progressif à la normale. Mais le second confinement national est rapidement décrété le 28 octobre 2020. Les mesures de ce dernier sont différentes du 1er confinement. Plus souples, elles permettent notamment à de nombreuses personnes de poursuivre leurs activités professionnelles.
Dans ce contexte, l’association BelleBouffe s’interroge sur les conséquences et les potentiels effets à long terme de la situation sanitaire sur les pratiques alimentaires. Les changements observés ont-ils perduré ? Les personnes ont-elles gardées la mémoire des pratiques du 1er confinement et vont-elles les remettre en place, ou en adopter de nouvelles ?
L’association BelleBouffe nous invite alors à prendre part à ce projet dans notre qualité d'étudiant•es en Master 2 de psychologie sociale appliquée. C'est en s'appuyant sur cette discipline, qui étudie notamment l'influence des facteurs sociaux et environnementaux sur le comportement des individus, que nous avons alors choisi de poursuivre l'expérience en tentant d’appréhender l'incidence de ce contexte de crise sanitaire marqué par des confinements successifs sur l’évolution dans la durée des pratiques des mangeurs de produits locaux lyonnais.
Les objectifs de la deuxième phase de la recherche
Identifier et comprendre les comportements en faveur d’une alimentation durable apparus pendant le 1er confinement, maintenus ou non au moment du déconfinement et de nouveau apparus ou non lors du second confinement.
Identifier les motivations à changer des comportements et pratiques en faveur d’une alimentation durable et de proximité.
Identifier les freins au maintien ou au renforcement des pratiques en faveur d’une alimentation durable et de proximité.
En tirer certains enseignements susceptibles de déboucher sur des pistes d'actions concrètes en faveur d’une alimentation durable et de proximité.
La démarche méthodologique ⚙
12 entretiens ont été réalisés entre le 3 et le 18 décembre 2020soit lors du 2ème confinement.
La démarche de la recherche reste exploratoire mais cette 2ème phase s’inscrit également dans une perspective longitudinale qui consiste à réinterroger les personnes déjà interviewées lors du 1er volet de l’expérience.
L’objectif étant de recueillir leur vision de la situation et leurs pratiques actuelles pour suivre leur cheminement et analyser leurs parcours alimentaires sur plusieurs mois selon les changements opérés ou non lors du 1er confinement, du déconfinement et au moment du 2ème confinement.
Les individus interrogés sont âgés de 21 à 30 ans, diplômés, en activité et citadins.
Nos hypothèses ⁉️
Avec le déconfinement certains changements mis en place durant le 1er confinement ont pu disparaitre et d’autres ont pu apparaitre ou réapparaitre.
Le 2ème confinement plus souple et moins inattendu n’est pas porteur des mêmes effets que le premier.
Des éléments représentationnels ou financiers peuvent empêcher les gens de changer de comportement.
Certaines valeurs associées au “manger-sain” pourraient freiner ou faciliter l’adoption d’une alimentation locale et durable.
Ce que l'on observe… 👀
Un deuxième confinement très différent du premier… 💭
De manière générale, le deuxième confinement est vécu comme plus habituel et génère moins d’incertitudes et de questionnements pratiques que le premier. En termes d’émotions, il est vécu par certains comme plus confortable, avec moins de contraintes et par d’autres comme plus morose, avec davantage de lassitude.
« Le confinement actuel est beaucoup plus facile […] le premier on a été pris par surprise et le deuxième on avait des moyens techniques et logistiques »
« Par contre c’est vrai qu’Il y a une certaine morosité alors je ne sais pas si c’est l’hiver ou si c’est parce que c’est la deuxième fois, mais les gens sont un peu plus tendus »
Moins d’inquiétudes sont exprimées en rapport avec la santé. Les inquiétudes exprimées sont plus d’ordre économique.
« Je suis angoissé aussi pour la santé de mes parents mais moins qu’au premier confinement, là je suis plus angoissé pour l’économie ».
Travailler ou non, à domicile ou en télétravail, a un impact sur le temps disponible et sur les émotions ressenties (pressions, relations). C’est une différence importante entre le premier et le deuxième confinement et le travail apparait comme un facteur important dans l’organisation de la vie quotidienne et dans la structuration des activités.
« Le premier confinement j’étais tout le temps chez moi et le deuxième je suis quasiment tout le temps au travail »
En conclusion, le 2ème confinement est très différent du 1er qui a été un bouleversement général dont l’ampleur et l'impact restent uniques : la surprise, la menace, les contraintes et les restrictions du 1er confinement sont inégalées. Comme l’a montré la 1ère enquête, le 1er confinement a inhibé les habitudes et donné des raisons, voire contraint les individus, à mettre en place de nouveaux comportements ou à faire ce qu’ils voulaient faire mais qu’ils ne faisaient pas. Il a permis de découvrir de nouvelles pratiques.
Le parcours et le profil des mangeurs et des mangeuses 👣
Nous avons ensuite axé notre regard sur les changements de pratiques alimentaires et sur l’évolution de ces comportements : la manière dont ils ont pu être conservés, abandonnés ou adaptés en retraçant le parcours des individus entre les différentes étapes du confinement, du déconfinement et du reconfinement.
Cela nous a amené à produire un résumé caractérisant le profil de chaque participant•e en fonction de son rapport à l’alimentation locale et durable. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur le modèle transthéorique du changement de Proschaska & Diclemente (1) qui nous a permis d’identifier l’étape à laquelle chaque personne interrogée semblait se trouver dans son cheminement vers des pratiques alimentaires locales. Pour les resituer, nous les avons également comparés aux profils identifiés lors de la 1ère phase de l'enquête.
1️⃣ Des testeurs sous contraintes revenus aux comportements initiaux.
Dans la majorité des cas, au moment du déconfinement, les impératifs de temps en lien avec le travail reviennent et les habitudes alimentaires sont rétablies en conséquence. La cuisine à domicile diminue au profit des repas à l’extérieur avec la réouverture de restaurants et la liberté de déplacements : on revient à la facilité et à la praticité.
« J’avoue le 1er confinement, on était très motivé pour faire à manger ensuite quand on a été déconfiné, les restaurants ont réouverts on a eu envie d’aller au restaurant ».
Des comportements sont abandonnés au déconfinement : ce sont ceux mis en place en substitut des marchés alimentaires fermés lors du 1er confinement : l’abonnement à des paniers (4 abandons) et l’approvisionnement en épicerie bio (1 abandon). Ces pratiques ne sont pas maintenues à la réouverture des marchés, puisque les individus y retournent.
« Les producteurs où je m’approvisionnais d’habitude avaient mis en place des paniers mais après ils sont retournés sur les marchés »
« On m’avait parlé d’AMAP et de “La ruche qui dit oui” qui étaient des solutions qui ne sont pas très simples à mettre en œuvre dans le quartier dans lequel j’habite ».
2️⃣ Des testeurs sous contraintes devenus transformés ou nouveaux locavores par éveil émotionnel et plaisir associé.
On remarque que des pratiques d’approvisionnement mises en place au premier confinement persistent au moins en partie chez 7 des 12 personnes au moment du déconfinement et deviennent des habitudes plus ancrées, plus instaurées, dans le sens d’un rééquilibrage des achats entre les supermarchés et les approvisionnements de proximité.
Ces comportements d’achats de produits chez les commerçants de proximité sont conservés pour des plaisirs associés mais à certaines conditions de praticité.
"Passer un bon moment, donc je vais acheter des trucs bons dans des endroits où j’ai envie d’aller à pied, ça fait une balade. Tout le package du truc est cool. J’y vais à pied, je reviens avec mon petit sac, en plus j’ai l’impression d’être riche parce que je dis que je vais chez le caviste, y’a un luxe à dire ça, y’a une image derrière. C’est un moment de plaisir, c’est ça ».
3️⃣ Des testeurs sous contraintes devenus transformés ou nouveaux locavores par concordance de valeurs identitaires.
Des comportements d’achats de proximité sont maintenus après le déconfinement car ils sont décrits comme consonants avec les valeurs des individus. Ce sont des comportements parfois déjà testés et qui ont été remis en place ou renforcés, ou des comportements que l’on envisageait mais sans n'être jamais passé à l’action.
« L’apparition du virus ça m’a conforté mais j’étais déjà bien convaincue, j’essayais avant d’aller dans les commerces de quartier mais là ça m’a beaucoup plus donné cette habitude-là, en fait on a instauré cette habitude-là, on va dire hebdomadaire alors qu’avant j’allais plus en supermarché pour compléter, acheter de la viande notamment ».
Les principales motivations 💪
Différentes préoccupations mêlées cohabitent…
La volonté de se tourner vers un mode de production et d’approvisionnement à taille humaine ou respectueuse de l’environnement est forte au sein de l’échantillon. La quasi-totalité des personnes interrogées (9/12) évoque le soutien à l’économie locale et aux producteurs locaux, comme une préoccupation à l'origine de leurs choix de consommation.
Ces personnes se disent être plus spécialement préoccupées par les impacts environnementaux de leur alimentation (transports, déchets et gaspillage, produits phytosanitaires). Il est important pour elles de s'approvisionner de manière locale afin de limiter au maximum les transports de marchandises et la pollution associée. Elles cherchent à combiner au mieux le bio (diminuer les produits phytosanitaires), le local (diminuer le transports) et le vrac (diminuer les déchets) et à générer le moins de carbone possible.
“Pour moi, y a pas de préférence, pour moi il faut que tout soit le plus possible bio, le plus possible local, le plus possible en vrac.”
Ces préoccupations sont reliées les unes aux autres et s'inscrivent à trois niveaux :
Moi (ma santé, mon plaisir)
Les autres (mes proches, les agriculteurs, les “petits” artisans commerçants)
La planète (l'impact écologique, les pesticides, les déchets, les transports)
Par rapport au 1er confinement, les motivations sont moins centrées sur soi avec la peur du virus qui a nettement diminué. Elles sont davantage orientées vers les autres et le soutien aux petits producteurs. La préservation de l'environnement à l'échelle de la planète s'inscrit toujours en toile de fond comme une motivation générale et distante mais bien présente
Les valeurs identitaires comme boussole...☞
Les actes d'achats locaux hors supermarché ont des conséquences positives concrètes pour tous les répondants. Même les comportements, d'abord contraints puis maintenus, ont permis aux individus d’affirmer un choix en rapport avec leurs valeurs et participent finalement à un processus d’affirmation de soi. Les choix de nourriture permettent d’affirmer une identité, une image de soi, de signaler son adhésion à certaines valeurs, à certains groupes. Les significations sociales et symboliques du manger sain, du manger bon ou du manger local entrent en consonance avec les valeurs prônées par certains groupes et importantes pour la plupart des individus interrogés .
“L’aliment bon est celui qui est bon à penser " (Claude Lévi-Strauss)(2).
« Quand les gens trouvent que je fais quelque chose de bien, je suis content, ça me plait, et notamment des choses comme aller à pied à la Biocoop, remplir son sac à dos et revenir et avoir des produits de biocoop, les gens autour se disent : ah tiens c’est marrant il a un pain comme ça qui traine, entre guillemets, sans emballage plastique »
Le plaisir et la convivialité comme des besoins fondamentaux... 🔝
Les plaisirs associés à certains comportements sont davantage mis en avant que les préoccupations sanitaires. Par rapport à la 1ère étude, les personnes interviewées mentionnent peu vouloir éviter les supermarchés pour minimiser les risques de contamination. Ils parlent d'aller vers des modes d’approvisionnement plaisants, relationnels et vers des produits goûteux et respectueux de l’environnement. Le plaisir de faire ses courses est souvent mentionné. Le plaisir de bien faire est également évoqué. On est moins dans le contrôle et l’évitement des conséquences sanitaires négatives. Personne ne parle par exemple de régime alimentaire ou de réduire sa consommation de viande.
“Personnellement j’aime vraiment pas cuisiner avec des produits… des grandes surfaces […] je trouve que souvent y’a pas tellement de goût et j’trouve ça immonde "
Le vécu positif de la cuisine va également de pair avec l'intérêt porté au choix de ses aliments. Le fait de choisir ses aliments et de porter un intérêt à leur qualité est associé à plus de plaisir et d’attention à cuisiner. La cuisine et les moments des repas sont considérés comme des instants privilégiés de partage par les personnes qui évoquent l'importance de la dimension sociale et les plaisirs de la convivialité.
« La bouffe ça se partage ! »
« Quand je cuisine pour des amis j’adore ça, si c’est pour le midi pour moi, non ça me saoule en fait ! »
« On mange tous les soirs ensemble et pendant les deux confinements, il n’y a pas un soir où chacun a mangé de son côté, ça c’est vraiment un rendez-vous je dirais »
De la proximité et une confiance retrouvée grâce au manger local… 🍽️
La plupart des personnes interrogées ont évoquées une forme de méfiance envers les systèmes de production et d'approvisionnement à grande échelle. La confiance avec la grande distribution est rompue et ces individus considèrent que les pratiques du secteur agro-industriel sont néfastes et devraient être amenées à évoluer. Les mangeurs nous confient pourtant qu'ils continuent tous de se rendre, au moins en complément, dans des supermarchés, non sans une certaine culpabilité, mais pour des questions pratiques ou parce qu'ils n’ont pas forcément de solutions alternatives accessibles et viables, notamment en ce qui concerne les produits de première nécessité.
« Quand je vais dans des grandes surfaces, j’évite d’acheter des légumes parce qu’ils ne sont souvent pas produits en France, pas de saison […] ils ne me conviennent pas et je m’empêche de les acheter parce que je ne veux pas cautionner les schémas d’approvisionnement qui sont mis en œuvre ».
L’achat de produits locaux leur donne à l'inverse le sentiment de contribuer à un système alternatif à dimension plus humaine, plus juste et écologique. Ces actes leur permettent de rencontrer des personnes bien réelles, qui leur ressemblent et qu'ils ont l'impression d'aider à vivre et à prospérer, plutôt que des grandes enseignes dénuées d'une véritable identité. Leurs achats locaux sont un moyen d'agir et même de rétablir une forme d'ordre naturel des choses et de proximité entre le consommateur, le producteur et les produits qui seront finalement consommés en toute confiance et chargés d'une symbolique positive.
« Il y a un côté soutien en mode: ben j’achète pas chez le gros, je vais aller voir le petit ».
« Le mec est là, juste en bas de chez moi, il est là tous les jours, j'ai confiance en lui quoi! ».
« Se sentir plus enraciné, apprécier la vie dans son quartier, c’est plus commerçant, le côté relationnel avec les petits commerçants qu’on n’a pas dans une grande surface »
Les principaux freins ⛔
La praticité comme une condition absolument nécessaire et le facteur temps… ⏲️
Huit des douze personnes interrogées évoquent le manque de praticité et l’effort d’organisation supplémentaire qu’ils doivent faire comme un frein à l’adoption et/ou au maintien de comportements en faveur d’une alimentation durable et de proximité. Le rythme de vie soutenu souvent dicté par leurs contraintes professionnelles et familiales ne laisse finalement que peu de temps libre à ces gens pour faire leurs courses ou cuisiner et coïncident difficilement avec les modes de distribution des produits locaux.
« Il faut bien noter que le poulet va arriver dans trois semaines, c’est une pratique d’achat moins impulsive et qui demande beaucoup plus d’organisation. On n’a pas l’habitude, il ne faut pas oublier que le jour de l’AMAP, il faut que quelqu’un soit forcément disponible et c’est pour ça que le jour où je recommencerais à travailler je pense que j’arrêterais ».
« Le gros inconvénient c’est que tout ça prend du temps, faire ses courses, cuisiner et de bien manger ».
Les représentations sociales de l'alimentation locale et l'aspect financier … 💰
Dans l’esprit de sept des douze personnes interrogées, les produits bio et/ou locaux restent des produits souvent considérés comme "réservés" à une classe sociale privilégiée de la population qui peut notamment se permettre d’accéder financièrement à ce type d’article.
« Je pense que c’est encore quelque chose qui est perçu comme inaccessible pour une certaine classe sociale et je pense que les gens ne savent pas qu’il est possible de trouver des produits locaux à des prix raisonnables sur les marchés ou dans les AMAP. Les gens ne sont pas assez informés sur le sujet ».
« Y’a un côté bobo, quand on passe devant une épicerie locale, quelque chose comme ça, qui je pense rebute énormément de gens. Qu’est-ce que c’est que ces gens en kickers et en vélo, et je pense qu’il y a un côté qui n’est pas grand public du tout ».
Pour conclure…
Les restrictions et le caractère particulièrement inattendu et menaçant du premier confinement a contraint de nombreuses personnes à mettre en place de nouvelles pratiques alimentaires. Il s'agissait pour nous d'investiguer et de garder une trace de la manière dont ces nouveaux comportements ont pu évoluer après une période de retour à la normale au moment du déconfinement et à l'annonce d'un second confinement instauré le 28 Octobre 2020. Il en ressort globalement :
Les préoccupations sanitaires liées à l’épidémie de Covid-19 ressortent beaucoup moins qu’au 1er confinement et sont dépassées par des préoccupations économiques
Le 2ème confinement est vécu comme plus habituel et génère moins d’incertitudes et de craintes. Un sentiment de lassitude et de morosité apparait néanmoins
La plupart des comportements maintenus au cours des confinements successifs l'ont été grâce à la découverte de plaisirs associés, à l'affirmation de valeurs identitaires et à la dimension sociale de proximité relationnelle avec les producteurs et de convivialité autour du partage d'instants privilégiés comme les repas
La plupart des comportements abandonnées l'ont été à cause d'un manque de praticité et de temps disponible suite à la reprise du travail. Il convient par conséquent de s'adapter au contexte de vie des individus et d'œuvrer pour créer un environnement facilitant et encourageant l'alimentation durable
Les changements se font par étapes et il est nécessaire d'identifier ces étapes pour mobiliser des stratégies adaptées et aider les gens à changer de comportement (1)
L'alimentation locale reste considérée comme "réservée" à une classe sociale privilégiée qui peut notamment se permettre d’y accéder financièrement et il convient par conséquent de faire évoluer cette représentation en communiquant davantage sur leur accessibilité et en œuvrant à la démocratisation de ces produits
Dans ce contexte de crise sanitaire qui accentue les inégalités sociales, il apparaît finalement plus que jamais essentiel de capitaliser sur des connaissances pour nous permettre de réfléchir à des dispositifs solidaires et durables susceptibles de répondre à la problématique d'insécurité alimentaire qui se généralise à de nouvelles populations.
La suite et quelques éléments à prendre en considération
Au moment de notre enquête, tous.tes les répondant•es étaient déjà sensibilisé•es aux questions en lien avec l’alimentation durable et avaient déjà des pratiques mixtes d’approvisionnement avec différents niveaux de compromis entre achats en supermarchés et achats dans des structures de proximité. Tous•tes avaient également des habitudes de cuisine solidement ancrées dans leur quotidien. Notre population était aussi restreinte par le nombre et assez semblable du point de vue des caractéristiques socioprofessionnelles des individus qui la composent. Pour la suite il serait par conséquent intéressant d'étendre cette recherche à une population plus importante et diversifiée pour apporter un degré de représentativité et de validité supplémentaire aux présents résultats. La poursuite de cette étude pourrait également s'interroger sur la pérennisation de ces changements à plus long terme et dans un contexte de vie moins particulier et incertain que celui que nous traversons actuellement sur le plan sanitaire.
Remerciements 🙏
Nous remercions chaleureusement :
Toutes les personnes que nous avons interviewées pour leurs précieux témoignages.
Pauline Remaud, pour les échanges enrichissants que nous avons pu avoir.
Valérie Haas pour sa disponibilité et ses retours pédagogiques tout au long de notre travail.
Marie-Amandine Vermillon et Martin Cahen pour leur soutien, leur écoute et la confiance accordée dans le cadre de ce projet.
L'association BelleBouffe pour leur accueil, la collaboration et le travail qu'ils réalisent au quotidien.
Bibliographie
(1) DiClemente, C. C., & Prochaska, J. O. (1998). Toward a comprehensive, transtheoretical model of change: Stages of change and addictive behaviors.
(2) Durif- Bruckert, C. (2017). On devient ce que l’on mange : les enjeux identitaires de l’incorporation. Revue française d’éthique appliquée (4), p 25-36.
Étude menée et compte rendu rédigé par Evelyne Michaud - Solène Caspar - Matias Gomez - Étudiant•es en Master 2 de Psychologie Sociale Appliquée à l'Université Lumière Lyon 2